Sexisme, caractères, et pourpritude
Brève

Sexisme, caractères, et pourpritude

Lesnouvellesnews.fr est un très intéressant site d'informations généraliste qui entend donner plus de place aux femmes faisant l'actualité, un site qui tente de rétablir l'équilibre. Dans la colonne de droite dudit site, une auto-promotion animée dont voici les images qui s'affichent successivement :


Arrêtons-nous sur la deuxième image, la plus intéressante :


À gauche, nous voyons le mot HOMMES écrit en lettres capitales (majuscules) dans une police de caractères sans empattements. Les empattements sont ces petits patins qu'on peut voir parfois en haut et en bas des fûts des lettres (les parties verticales), ainsi qu'au bout des traverses (les parties horizontales) et des diagonales. La police de caractères utilisée ici ressemble à de l'Arial.

Chaque lettre est un solide raide et pourpre, fièrement dressé dans un monde blanc :


À droite, nous voyons le mot femmes écrit en lettres bas-de-casse (minuscules), dans une police de caractères avec empattements, peut-être du Didot.

Chaque lettre est une forme ronde et blanche, creuse, un trou dans un monde pourpre :


Pas besoin de s'appeler Docteur Freud pour reconnaître les fonctions sexuelles de l'homme et de la femme qui semblent déterminer, ici comme ailleurs, leurs places respectives dans la société.

"Aujourd'hui, peut-on lire sur le site Lesnouvellesnews.fr, dans les médias d'information générale, les femmes représentent moins de 20 % des personnes citées et elles sont en général stéréotypées (mère de famille, victime, épouse, anonyme…) Les hommes aussi par conséquent. A eux la politique, l’économie, le sport, à elles la vie privée, la mode. Ce n’est pas ainsi que nous vivons, mais c’est ainsi que les médias nous montrent (…). Et, le plus souvent, nous nous conformons à cette image."

La chose se vérifie en effet sur Lesnouvellesnews.fr grâce à ces visuels concoctés par une agence de pub (JWT) qui n'a pas su éviter les clichés : Monsieur est un sexe dressé, Madame un réceptacle, et c'est ainsi que tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes.


L'occasion de lire ma chronique intitulée Les mots de la bouche, dans laquelle il est fortement question de typographie.


Mise à jour de 19 h05 :

Isabelle Germain, du site Lesnouvellesnews.fr, vient de répondre à ce Vite dit avec la complicité de l'agence JWT. En oubliant une bonne moitié de la démonstration ci-dessus puisque l'une comme l'autre la réduisent à la seule forme des lettres.

"Si on veut voir du sexe dressé dans les majuscules, pourquoi pas. Ce qui est important c’est que les femmes viennent occuper l’espace dans les médias et dans tous les lieux de pouvoir", écrit Anne Doizy, directrice générale de JWT Paris.

"C’est cliché de voir, dans une majuscule, un sexe dressé. On n’est pas sexiste, ici ! Il n’y a pas de règles aussi systématiques en typographie", renchérit Gaëlle Le Goff, directrice du digital dans le même agence.

Certes. Ce serait ridicule que de voir un sexe dressé dans toute lettre majuscule. Ici, il faut considérer dans le même temps le sens des mots (homme, femme), les caractères typographiques employés (majuscule raide-minuscule ronde) la couleur pleine et la couleur creuse (pourpre-blanc).

Si l'on garde présents à l'esprit ces trois facteurs réunis, l'affaire devient évidente à moins de réfuter les écrits de Freud. Ce que fait Isabelle Germain en citant "le livre de Christiane Olivier Les Enfants de Jocaste, qui s’intéresse à « l'autre psychanalyse », celle que Freud n'a pas pu écrire, la psychanalyse écrite par celles qu’il nommait le « continent noir de l’humanité ». Une psychanalyse qui remet en question l’envie de pénis et se demande s’il n’y aurait pas une « envie d’utérus » chez l’homme."

Admettons. En quoi cela remet-il en question ce qui précède ?

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