Karachi : Libé, le scoop qui n'en est pas un
Brève

Karachi : Libé, le scoop qui n'en est pas un

"Sarkozy savait." En Une aujourd'hui, Libération promet des révélations fracassantes sur l'implication de Nicolas Sarkozy dans l'affaire Karachi. Ce titre est repris par toutes les radios du matin. Mais en fait, ces révélations n'en sont pas : aucun élément de preuve nouveau n'est apporté par le journal, qui le reconnaît dans le cours de l'article. Le quotidien multiplie d'ailleurs l'emploi du conditionnel. Et le PV d'audition qu'il publie avait déjà été révélé par Le Nouvel Observateur il y a quelques jours.


"Selon des procès-verbaux dévoilés par Libération, le président aurait, alors qu'il était ministre du Budget, validé des ventes d'armes au Pakistan. Lesquelles auraient financé la campagne d'Edouard Balladur en 1995."Dès la Une, et malgré son titre tonitruant, le journal reste prudent dans ses allégations. Et pour cause : il dispose simplement d'un témoignage, non recoupé par d'autres éléments. Le 2 décembre, le juge d'instruction Renaud Van Ruymbeke a auditionné Gérard-Philippe Menayas, l'ancien directeur financier de la Direction des constructions navales (DCN), la société qui construisait les sous-marins vendus au Pakistan. Et face au juge (comme l'avait déjà souligné le site du Nouvel Observateur), Menayas "indique pour la première fois que Nicolas Sarkozy ne pouvait ignorer le versement de commissions en marge de la signature d’un contrat d’armement avec le Pakistan, au cœur du scandale", indique Libé.

Certes. Mais Menayas ne fait là part que de son sentiment personnel, sans pouvoir aller plus loin. Il explique que le ministère du Budget a donné son accord en 1994 à la création d'une société luxembourgeoise Heine, au cœur du versement des commissions en marge des ventes d'armes au Pakistan, et des rétrocommissions que la justice soupçonne d'avoir servi à financer la campagne de Balladur. Campagne dont Sarkozy a été le porte-parole. Rien de neuf en fait par rapport à ce que l'on sait depuis juin 2010, et la publication d'un rapport de la police luxembourgeoise affirmait la même chose.

Les déclarations de Menayas n'impliquent en fait que le cabinet du ministre : "Je n’imagine pas qu’une telle décision ait pu être prise sans l’aval du cabinet du ministre." Et surtout, sans aller aussi loin, l'ancien directeur financier avait déjà mouillé Sarkozy en novembre 2010, ce qui avait déjà donné lieu à des révélations dans Libé. Le journal indiquait à l'époque que Menayas avait "raconté qu’entre octobre et novembre 2006, Sarkozy avait envoyé des messagers pour régler des questions touchant deux structures dédiées aux opérations financières occultes de la DCN, les sociétés Heine et Eurolux, notamment pour les maintenir en activité". Autrement dit, qu'il gérait de très près la société Heine. Le 2 décembre, Menayas a seulement fait un pas de plus, en indiquant qu'il pensait que Sarkozy avait aussi validé la création de l'entreprise.

Enfin, comme le reconnaît Libé lui-même, "à ce jour, aucun document portant la signature de Sarkozy ne figure à l’instruction". Il y a plus d'un an, le matinaute Schneidermann soulignait déjà la défense de Sarkozy, qui assure que "peut-être que le ministère" a validé la création des sociétés, mais que lui n'était pas impliqué. Libé affirmait même à l'époque que les accusations plaçant Sarkozy au coeur du dossier étaient "déraisonnables". Sur tous ces points, l'enquête n'a pas évolué.

Quel est le degré exact d'implication de Sarkozy ? La question était au coeur de l'émission que nous avons consacrée à l'affaire.

Mise à jour - 11h30 : Ajout des mentions de l'article du Nouvel Observateur.

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