En page 23 du Monde daté d'aujourd'hui figure un article de Thomas Sotinel à propos de Poulet aux prunes, le nouveau film de Marjane Satrapi et Vincent Paronnaud. Il est titré "Marjane Satrapi rate son « Poulet »" et le chapeau nous dit : "Après «Metropolis», la réalisatrice adapte une autre de ses bandes dessinées au cinéma".

Sauf que Metropolis est un film de Friz Lang, sorti en 1927. Il a ici été confondu avec le Persepolis de Marjane Satrapi et Vincent Paronnaud paru quatre-vingts ans plus tard, en 2007.

Metropolis, justement, qui est à nouveau sur nos écrans depuis le 17 octobre dernier dans une version enfin intégrale de 2 heures 30, grâce à une bobine originale récemment retrouvée au Museo del Cine de Buenos Aires.

Affiche d'aujourd'hui

C'est en 1925-1926 que Fritz Lang tourna Metropolis, l'un des premiers films de science-fiction de l'histoire du cinéma.

« L'homme est une erreur de la machine », disaient les futuristes italiens. Le scénario de Thea von Harbou, compagne de Lang, voulait lutter contre cette idée, voulait dénoncer l'exploitation du prolétariat dans une ville inhumaine. Mais, étrange paradoxe, les spectateurs de l'époque furent plus fascinés par la vision de cette mégalopole infernale inspirée de New York. Et cette fascination ne s'est pas éteinte avec les années, au contraire.

Quelques affiches allemandes datant de 1927 :

Et une belle affiche hongroise, de la même période :

Metropolis est devenu une référence telle que de nombreux cinéastes ne cessent d'y puiser des images. Blade Runner, la Cité des Enfants perdus, le Batman de Tim Burton, Dark City, Le Cinquième Elément, Gattaca, Escape From LA, Minority Report, Star Wars, Roboforce, s'abreuvent tous à la source de Fritz Lang.

Avec une mention spéciale au Cinquième Elément et à Star Wars qui comportent tellement de collages d'images et de scénarios divers qu'on peut se demander s'ils recèlent la moindre idée originale.


Quelques références, emprunts, citations du Metropolis de Fritz Lang (la liste est loin d'être exhaustive) :

la ville

Dessin préparatoire du décorateur de Metropolis, Erich Kettekhut

Blade Runner de Ridley Scott

Maquette de décor du film de Lang

Affiche de Matrix des frères Wachowski

l'horloge

Celle de Metropolis

Celle de la série TV Flash Gordon

Retour vers le futur de Robert Zemeckis

Mais on peut penser aussi, il est vrai, au Safety Last ! (Monte là-dessus !) de 1923, avec Harold Lloyd :

le robot

Maria, dans Metropolis

Le C3PO de Star Wars

Etc.

La Cinémathèque de Paris présente actuellement, et jusqu'au 29 janvier 2012, une exposition intitulée Metropolis, épopée futuriste.

L'occasion de lire ma chronique intitulée Manifeste contre la non-tour de Babel.