Balladur 95 : 10 millions versées par l'Arabie saoudite ?
Brève

Balladur 95 : 10 millions versées par l'Arabie saoudite ?

Et si la justice avait trouvé l'origine des millions fantômes de la campagne présidentielle de Balladur de 1995 ?

Ce matin, France Info a révélé que dans le cadre de son enquête sur le volet financier de l'affaire Karachi, "le juge Renaud Van Ruymbeke a entre les mains un document qui permettrait de faire le lien entre la signature d’un contrat d’armement avec l’Arabie Saoudite en 1994 et le financement de la campagne présidentielle d’Edouard Balladur".

Van Ruymbeke enquête notamment sur ce financement peut-être illégal. Il aurait mis la main sur l'échéancier du paiement accompagnant le contrat Sawari II, par lequel la France a vendu en 1994 trois frégates à l'Arabie saoudite.

L'intermédiaire trouble Ziad Takieddine, soupçonné d'avoir été imposé par les balladuriens pour organiser le versement de rétrocommissions vers la France, a participé à la signature de ce contrat. Fait étrange : sur ce contrat de près de 19 milliards de francs, la France avait demandé à l'Arabie saoudite de verser 10 millions avant le 31 mars 1995, soit avant le premier tour de la présidentielle.

Or, comme Libération l'expliquait dès avril 2010, Balladur n'a jamais su expliquer de façon convaincante d'où provenaient, justement, dix millions de francs versés en liquide à l'association qui finançait sa campagne. Mediapart a obtenu une copie de l'échéancier de paiement de Sawari 2, et le publie (accès payant) sous le titre : "Le virement financier qui menace Balladur". "Selon plusieurs sources au courant du dossier, cet acompte est une véritable anomalie comptable, écrit Fabrice Arfi. Pour un contrat alors chiffré à 18,8 milliards de francs, réclamer le versement d'un acompte de dix millions – soit environ 0,05 % du marché – relève du jamais vu dans le milieu de l'armement et, surtout, ne recouvre aucune justification industrielle ou financière. Cet acompte est d'autant plus incompréhensible que les premiers paiements de l'Arabie saoudite pour le marché Sawari 2 devaient débuter vingt-sept mois plus tard!"


Takieddine menace

Les doutes semblent donc permis, d'autant que, selon un autre document révélé par France Info et publié par Mediapart, le paiement de ces dix millions de francs a été effectué le 26 avril 1995. Soit le jour même où les millions suspects ont été versés sur les comptes de l'association de Balladur ! Le lien est-il donc prouvé ? Pas pour Olivier Morice, l'avocat de certaines des familles de victimes de l'attentat de Karachi, qui clame depuis des mois que la campagne de Balladur a été financée via des rétrocommissions, notamment sur le contrat Sawari 2 et sur le contrat Agosta (qui a permis la vente de sous-marins au Pakistan). Habitué à cogner comme un sourd sur Balladur et Sarkozy, qui était un des animateurs de sa campagne, Morice est cette fois sur la réserve : il a déclaré à Reuters que tout rapprochement lui semblerait "hasardeux". "En effet, écrit Reuters, l'hypothèse de travail du juge Renaud Van Ruymbeke est que l'argent des caisses de la campagne provenait non des factures payées par les deux Etats", mais au contraire "des commissions versées par la Direction des constructions navales françaises" au Pakistan et à l'Arabie saoudite, dont une partie serait retourné illégalement et de façon clandestine en France. Par ailleurs, une autre source, non nommée, estime "peu probable que l'argent versé par l'Arabie saoudite ait pu être converti le jour même en espèces".

De son côté, Ziad Takieddine, soupçonné d'être au cœur du financement illicite et mis en examen par Van Ruymbeke, a appelé aujourd'hui sur BFM TV Nicolas Sarkozy à lever le secret-défense sur tous les éléments que la justice n'a pas encore pu obtenir sur ces dossiers, classés confidentiels pour une bonne partie.

Au passage, Takieddine balance sur Sarkozy, qui aurait "contrôlé toute mon action entre 1993 et aujourd'hui" et Claude Guéant, qui l'aurait accompagné dans "toutes" ses démarches. Sans doute une réponse à l'interview de Guéant à Libération, où le ministre de l'Intérieur semblait lâcher Takieddine.

Les menaces sont à peine voilées picto

Et pour savoir comment TF1 a conservé au coffre pendant neuf mois l'aveu que le Conseil constitutionnel avait validé les comptes de campagne de Balladur en sachant qu'ils étaient frauduleux, lisez notre article.

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