Karachi : Takieddine attaque Chirac
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Karachi : Takieddine attaque Chirac

Sa publication n'est pas une surprise. Le Monde s'est procuré le PV d'audition de l'intermédiaire franco-libanais Ziad Takieddine, mis en examen mercredi pour "complicité et recel d'abus de biens sociaux" dans le cadre du volet financier de l'affaire Karachi. Face au juge Van Ruymbeke, Takieddine a mis en cause Jacques Chirac. Si le détail des accusations reste obscur, l'intention est claire : mouiller le clan chiraquien. Mais face aux soupçons de la justice, les sarkozystes ont commencé à prendre leurs distances avec cet intermédiaire qu'ils connaissent bien.

mis en examen mercredi pour "complicité et recel d'abus de biens sociaux" dans le cadre du volet financier de l'affaire Karachi. Face au juge Van Ruymbeke, Takieddine a mis en cause Jacques Chirac. Si le détail des accusations reste obscur, l'intention est claire : mouiller le clan chiraquien. Mais face aux soupçons de la justice, les sarkozystes ont commencé à prendre leurs distances avec cet intermédiaire qu'ils connaissent bien.

Dans le cadre du volet financier de l'affaire Karachi, Ziad Takieddine, est soupçonné d'avoir perçu d'importantes commissions en marge de deux contrats d'armement signé en 1994, l'un pour la vente de trois sous-marins au Pakistan (contrat Agosta), l'autre pour la vente de deux frégates à l'Arabie saoudite (contrat Sawari II). A chaque fois, cet intermédiaire franco-libanais aurait été imposé par le pouvoir à la dernière minute. Dans le but de percevoir des commissions qui auraient ensuite été versées au clan Balladur pour financer la campagne présidentielle de 1995 ? C'est l'objet de l'enquête des juges Renaud Van Ruymbeke et Roger Le Loire.

Takieddine reconnaît en partie son rôle d'intermédiaire et accuse chirac



"Lors de cette première audition, M. Takieddine n'a répondu à aucune question, se bornant à une très longue déclaration", indique Le Monde qui s'est procuré le PV. Comme il l'avait déjà déclaré auparavant, Takieddine a nié tout rôle dans le contrat Agosta négocié entre la France et le Pakistan et qui est au cœur de l'affaire Karachi. En revanche, il a confirmé qu'il a bien servi d'intermédiaire pour le contrat Sawari II avec l'Arabie Saoudite. Et c'est à cette occasion qu'il a mis en cause Jacques Chirac, lequel aurait stoppé le versement de commissions : "Malheureusement le président de la République, Jacques Chirac, lors de sa première visite en Arabie saoudite, début juillet 1996, a refroidi les relations avec ce pays lors d'un court entretien qu'il a eu avec le Prince héritier Abdallah, qui est devenu roi par la suite, a déclaré Takieddine. Au cours de cet entretien, Jacques Chirac a accusé l'Arabie saoudite d'avoir, à travers le contrat Sawari II, financé par les frais commerciaux exceptionnels (FCE), la campagne de son ami de trente ans, devenu son ennemi, Edouard Balladur. Cela a causé un grand dysfonctionnement dans les relations franco-saoudiennes".

Selon Takieddine, une partie des commissions auraient finalement été versées non pas par la France mais par le biais du Premier ministre libanais de l'époque, Rafic Hariri (un proche de Chirac). L'intermédiaire sous-entend surtout que les sommes des commissions initialement prévues auraient pu être reversés à d'autres : "Le contrat Sawari II n'a pas été changé. Il a été entièrement payé tel que signé (...) Je me demande en conséquence ce qu'est devenue la part des FCE qui a été «arrêtée'» et quelle destination autre elle a pris".


il met également en cause les Chiraquiens pour un troisième contrat

Takieddine ne s'est pas contenté de ces sous-entendus. Il a également mis en cause Jacques Chirac et Dominique de Villepin dans un troisième contrat, baptisé Miksa, et qui concerne cette fois-ci la surveillance des frontières de l'Arabie saoudite. Il s'agit d'un "contrat qui opposa au cours des années 2000 chiraquiens et sarkozystes, qui se suspectèrent mutuellement de vouloir prélever leur «dîme» sur ce juteux marché. Des soupçons que Ziad Takieddine a accrédité devant le juge", rappelle Le Monde. Mediapart avait déjà longuement évoqué cette nouvelle affaire en juillet dernier.

D'après l'intermédiaire franco-libanais, Chirac et Villepin ont systématiquement bloqué la signature de ce contrat, notamment parce Chirac craignait que les commissions prévues ne reviennent en France, sous forme de rétrocommissions, pour financer les activités politiques de Nicolas Sarkozy, alors ministre de l'Intérieur. En janvier 2006, Takieddine assure qu'un partage des commissions entre les deux clans a ensuite été envisagé, à l'initiative du clan chiraquien : "J'ai reçu la visite du général Rondot, qui m'a transmis un message de l'Elysée, qui voulait reprendre le dialogue avec les autorités saoudiennes en vue de la signature par le président Chirac du contrat Miksa, a-t-il expliqué. Le général Rondot a évoqué un partage des commissions. Je l'ai respectueusement éconduit." Comme le rappelle Le Monde, "dans un entretien au Journal du Dimanche, publié le 30 mai 2010, M. Takieddine avait déjà évoqué cet épisode, de façon encore plus explicite." Finalement, le contrat Miksa n'aurait jamais été signé.

Dans ce contexte d'accusations tous azimuts, l'heure est à la prudence pour ceux qui ont côtoyé de près Ziad Takieddine. Notamment Jean-François Copé et Claude Guéant. Le ministre de l'Intérieur a pris clairement ses distances dans une interview à Libération : "C’est vrai que concernant Takieddine, il apparaît aujourd’hui qu’il a fait des choses que la loi et la morale réprouvent", a-t-il déclaré. Quant à Jean-François Copé, ami de Takieddine, et dont les photos de vacances dans la résidence de l'homme d'affaires ont fait les délices de Mediapart cet été, il a assuré sur Canal +, non sans un certain embarras...

picto... qu'il ne connaissait pas les activités professionnelles de son ami.

Pour bien comprendre cette affaire tentaculaire, reportez-vous à notre dossier "Karachi, un watergate français ?" et à notre article sur l'affaire Takieddine.

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