Twitter : fin de récré pour les journalistes ? (Le Monde)
Fini de rire sur twitter ? Le Monde constate que les temps sont en train de changer. La preuve ? "Aurélien Viers, rédacteur en chef du site du Nouvel Observateur, a envoyé le 11 juillet un e-mail à ses journalistes, les mettant en garde contre certaines dérives, raconte le quotidien. "On ne critique pas le journal ; on ne critique pas la direction ; on ne critique pas son service, indique ce message, dont le contenu a été révélé par le site de Télérama. Faites attention aux tweets humoristiques, même rédigés au deuxième ou troisième degré, certains n'ont pas votre humour". Cette mise en garde est intervenue suite à un tweet d'une journaliste web qui avait constaté avec humour que les bureaux de la rédaction de l'hebdomadaire étaient vides à 9h du matin. "Ses confrères du papier n'ont guère apprécié cette remarque, diffusée à plusieurs dizaines de milliers d'abonnés ("followers") sur le réseau", explique le quotidien. Les nouveaux abonnés de twitter ne comprennent-ils pas le second degré ? "A partir du moment où l'on se présente comme journaliste d'une rédaction, on ne peut pas tweeter n'importe quoi. En même temps, tout le charme de l'outil est de permettre une relation plus humaine avec ceux qui nous suivent. C'est pourquoi je m'autorise des blagues de temps en temps, en plus de l'info brute", a déclaré le journaliste de France 2, Amaury Guibert. |
Car les blagues, et parfois les critiques à l'encontre de son propre média employeur, fusent sur le réseau de micro-blogging. Dernier exemple en date lors de l'annonce de l'arrivée prochaine de l'ex-présidente d'Areva, Anne Lauvergeon, à la tête du conseil de surveillance de Libé. Deux journalistes du quotidien ont exprimé leur perplexité sur twitter. "Ctune blague ?" s'est par exemple demandé Jean-Christophe Féraud (à la tête du service Economie de Libération).
Pour encadrer l'utilisation de twitter, certaines rédactions ont donc décidé d'élaborer des chartes. C'est le cas du Monde : "sur le fond, Le Monde considère que les auto-publications de ses journalistes engagent le titre. Les mêmes règles de déontologie s'appliquent autant pour un article que dans les pages ou sur le site", explique Serge Michel, directeur adjoint des rédactions. Même démarche à l'AFP où la charte est prévue à l'automne. A France 2, la charte sera prête en septembre. Et à chaque fois, c'est le même argument qui revient : "Tout en respectant la liberté d'expression, nous rappelons qu'un journaliste qui tweete engage sa rédaction et son entreprise", confirme au Monde Thierry Thuillier, directeur des rédactions de France Télévisions.
L'occasion de vous plonger dans notre dossier : "Facebook, Twitter, nouveaux médias ?"
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