Journalisme / déontologie : pas de charte officielle
Brève

Journalisme / déontologie : pas de charte officielle

La commission Frappat se retire sur la pointe des pieds, sans avoir réussi sa mission.

Le comité monté par Bruno Frappat, ancien patron de Bayard presse pour créer une charte de déontologie des journalistes, n'est pas parvenu à imposer que son texte soit annexé à la Convention collective des journalistes. Raison principale : les éditeurs de journaux ont refusé que cette charte, qu'ils ont pourtant soutenue pour la plupart, devienne un texte officiel. Le groupe constitué par Frappat va se séparer.

Cette rédaction d'un code de déontologie avait été entreprise à la fin des Etats généraux de la presse, réunis par Nicolas Sarkozy. Un projet a même été finalisé en octobre 2009 par des éditeurs de presse, des journalistes représentants de syndicats, des juristes et des enseignants. Il visait à compléter les principes contenus dans les deux chartes des journalistes actuellement en vigueur: la charte des devoirs professionnels des journalistes français (1918) et la déclaration des devoirs et des droits des journalistes de Munich (1971). La commission Frappat appelait explicitement les partenaires sociaux à adopter ce code, qui aurait ainsi acquis une valeur légale et contraignante. Cela n'a pas été fait. Ce que confirme sur son blog Olivier Da Lage, journaliste à RFI, membre du bureau du Syndicat national des journalistes, et membre du "comité Frappat"

Da Lage évoque la "méfiance" des syndicats devant "ce «Code de déontologie» où il n’était question que de devoirs et non de droits" : "Mon propre syndicat, le SNJ, n’a pas été le moins sévère en rejetant massivement le «Code Frappat» lors de son comité national d’avril 2010, tout en lui reconnaissant le mérite d’exister. La principale critique entendue porte sur le fait que le journaliste, et seulement lui, porterait sur ses épaules la responsabilité d’une faute alors qu’il est pris dans un système hiérarchique contraignant. Critique injuste, à mon sens.",

Effectivement, les syndicats de journalistes n'ont jamais regardé d'un œil tendre ce texte, qui énumère longuement les devoirs "du journaliste", mais reste étrangement muet sur ses droits, par exemple face à sa direction, à ses sources, ou aux pouvoirs. Nous le signalions en février 2010. Mais selon nombre d'observateurs, dont Da Lage, "le principal problème était ailleurs : le refus viscéral des éditeurs d’accepter qu’un texte de portée déontologique, quel qu’il soit, puisse être intégré à la convention collective et que des différends éthiques puissent être tranchés par les prud’hommes" Pourtant, la plupart des grands groupes de presse avaient adopté ce texte pour leur entreprise, parfois avec de légères modifications. "Côté patrons, on affirme souhaiter que le débat entamé sur la déontologie continue. Mais «pas en tant que partenaires sociaux». Dans quel but, alors? La feuille de route originelle est, de fait, vidée de sa substance", regrettait le SNJ le 30 juin. Prise entre deux feux, l'entreprise a succombé. Quelques jours plus tôt, la CGT dénonçait "l’enterrement de première classe de la commission Frappat".

Pour vous rafraîchir la mémoire sur les Etats généraux, lisez notre dossier consacré à Sarkozy, sauveur de la presse.

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