Libye : malaise de la gauche latino-américaine
Brève

Libye : malaise de la gauche latino-américaine

Comme le souligne le quotidien suisse Le Courrier, "la Libye met mal à l'aise la gauche latino-américaine" : Chavez, Castro, Ortega, etc, soutiennent Kadhafi.


«Allons-y, chancelier Nicolas : donne une autre leçon à l'ultra droite pro-yankee! Vive la Libye et son indépendance! Kadhafi fait face à une guerre civile!», lançait Chavez sur Twitter en s'adressant à son ministre des Affaires étrangères Nicolas Maduro, le 25 février.


"Au Conseil de sécurité des Nations unies, le Brésil et la Colombie ont voté les sanctions contre la Libye, adoptées à l’unanimité. La plupart des pays d’Amérique latine ont condamné la répression des troupes du colonel Mouammar Kadhafi. Trois exceptions: Cuba, Venezuela et Nicaragua", précise sur son blog Paulo Paranagua, journaliste au Monde en montrant une photo de Kadhafi avec Daniel Ortega (président du Nicaragua) et Fidel Castro.


Le quotidien suisse Le Courrier écrit : "Stupéfiant et inquiétant parallélisme. Alors que de nombreuses chancelleries européennes sont inquiètes à l'idée de voir le colonel Kadhafi, qui était il y a peu encore un «ami intime» (Silvio Berlusconi) ou tout du moins un partenaire économique vital (...), tomber sous la pression de son peuple, une autre peur s'empare des gouvernements de gauche «progressistes» d'Amérique du Sud: celle d'assister à la chute d'un... camarade révolutionnaire."

"Pour l'Argentin Pablo Stefanoni, directeur de l'édition bolivienne du Monde diplomatique, (...) la réponse est simple: «Le socialisme sud-américain a été pris par surprise par les événements, et s'est retrouvé sans ressources politiques ni idéologiques pour déchiffrer les clés de ce qui se passe dans le monde arabe.» En Amérique latine, au Venezuela, à Cuba, en Equateur, en Bolivie ou au Nicaragua, Kadhafi est encore et toujours considéré comme un «combattant révolutionnaire», malgré sa volte-face historique et son idylle nouée avec l'Occident"

Le Courrier conclut en citant l'écrivain et militant uruguayen Raúl Zibechi: "«Il faut regarder l'horreur en face. Parfois la gauche n'a pas voulu voir, pas voulu entendre, ni comprendre les douleurs des gens d'en bas, sacrifiés sur l'autel de la révolution. Nous ne pourrons pas dire que nous ne savions pas cette fois-ci.» Dénoncer de manière totalement justifiée les menaces d'intervention en Libye par l'entremise de l'OTAN ou des Etats-Unis et les tentatives d'ingérence occidentales ne doit d'aucune manière éclipser ce vrai débat."


 

Le Courrier mardi 1er mars 2011

 

L'agence de presse russe RIA Novosti cite une une intervention télévisée de Chavez, plus nuancée que celles qui sont habituellement citées : "«J'espère que nous pourrons créer une commission qui se rendra en Libye pour s'entretenir avec le gouvernement et les leader de l'opposition. Nous comptons sur un règlement pacifique… Nous soutenons la paix dans les pays arabes et dans l'ensemble du monde», a déclaré lundi M. Chavez dans une intervention à la télévision. "

"Selon lui, il est prématuré d'accuser le leader libyen Mouammar Kadhafi de recours excessif à la violence contre des manifestants pacifiques, étant donnée l'absence d'informations dignes de foi sur les événements dans le pays.
"

RIA Novosti mardi 1er mars 2011 picto

Sur le Huffington Post, comme le signale un contributeur du Post.fr, Nicolas Kozloff auteur du livre "Revolution! South America and the Rise of the New Left" (Révolution! L'Amérique du sud et la montée de la nouvelle gauche) souligne que Chavez n'a pas eu seulement d'excellents rapports avec Kadhafi, comme l'ont montré des câbles diplomatiques américains révélés par Wikileaks mais aussi avec d'autres dictateurs africains :

" Maintenant que Kadhafi est discrédité, Chavez va-t-il revoir sa politique étrangère particulièrement mal avisée ? Vu le parcours du président vénézuélien, ce n'est pas sûr. (...) Loin de soutenir les luttes populaires, Chavez a soutenu les leaders les plus autocratiques. A propos du dictateur ougandais Idi Amin Dada, le vénézuelien a déclaré «Je ne sais pas peut-être qu'Amin était un grand nationaliste, un patriote». Chavez ne s'est pas arrêté là, qualifiant Robert Mugabe de «frère». Ce leader africain ayant été, à tort, qualifié de «sale type» aux yeux du monde. Chavez a aussi offert à Mugabe, comme il 'a fait pour Kadhafi, une réplique de l'épée du révolutionnaire Simon Bolivar. (...) Il a aussi soutenu le président soudanais Omar Al-Bashir, un leader inculpé par la cour pénale internationale pour crimes contre l'humanité au Darfour."

picto Huffington Post 22 février 2011

"En ce moment, trois purs salauds soutiennent le tyran Khadafi de Libye. Que cette crapule tire à l’arme lourde sur son peuple révolté, ce n’est pas grave, puisque les Américains sont contre lui. Et si les Américains sont contre lui, n’est-ce pas une icône altermondialiste ?" écrit sur son blog le journaliste Fabrice Nicolino

"D’abord Daniel Ortega, président du Nicaragua (...) Ortega soutient Khadafi dans la grande bataille engagée. Contre son peuple, ce que ne dit pas Ortega. (...) Ensuite Castro (...) Eh oui, Castro ne sait pas où est la vérité et le mensonge, dans ces histoires de tueries de masse organisées par les bandes armées de Khadafi. Ce qui compte, c’est l’Amérique !"

"Enfin el jefe Hugo Rafael Chávez Frías, président du Venezuela. L’idole de tant de gens sincères ici. (...) En somme, malgré les massacres, el jefe soutient le gouvernement du boucher de Tripoli. Ma foi, tout est dans l’ordre."

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