Karachi : révélation de courriers à Chirac et Sarkozy
Après plusieurs révélations de Mediapart (dont nous vous parlions notamment ici), c'est Le Parisien qui met à jour des courriers troublants émanant de Heine.
L'un des courriers révélés par le Parisien, écrit le 29 novembre 2006 à Nicolas Sarkozy, alors ministre de l'intérieur, laisse supposer une relation entre celui-ci et Heine. "Votre lettre du 28 septembre dernier nous est bien parvenue. Mais à ce jour elle n'a pas été suivie d'effets", lui écrivent ses administrateurs pour qui "il y a une grande urgence à agir". Pour l'AFP, qui cite "plusieurs protagonistes de l'affaire", les dirigeants de Heine se seraient livré à un chantage auprès de la DCN et de ses autorités de tutelle, en vue d'obtenir une somme de 8 millions d'euros qui, selon eux, leur était due.
Dans une lettre à Jacques Chirac datée du 26 avril 2006, l'un des administrateurs, Yves Schmidt, rappelle que "de très gros montants ont circulé entre DCN et Heine SA" : "J'attire votre attention sur la personnalité des destinataires, des sommes versées", écrit-il, énigmatique. Une manière de menacer discrètement de révéler que des rétrocommissions ont été versées ? Peut-être.
Lors de la création de cette société, le système des commissions, notamment versées par la DCN au Pakistan pour emporter un contrat de construction de sous-marins, était légal (jusqu'en 2000). Mais on soupçonne également Heine d'avoir servi à faire transiter des rétrocommissions, illégales, qui auraient pu servir à financer la campagne présidentielle d'Edouard Balladur de 1995, dont Sarkozy était le porte-parole.Rappelons tout de même que c'est Jacques Chirac qui, une fois arrivé au pouvoir en 1995, a demandé l'arrêt du versement des commissions. Selon certains, il agissait justement pour empêcher les réseaux de son rival Balladur de toucher de l'argent. Pourquoi alors menacer Jacques Chirac ?
Marc Trévidic, le juge d'instruction qui enquête sur cette affaire, se demande si ce n'est pas cette interruption qui a déclenché l'attentat sur le chantier des sous-marins pakistanais, qui a fait 14 morts, dont 11 Français, en 2002.
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