Au cimetière des promesses
Brève

Au cimetière des promesses

C'est un discret cimetière

, en page 5 du Monde, daté mercredi 21 avril, dernière colonne à droite. Le lecteur distrait pourrait presque feuilleter le journal, sans l'apercevoir. C'est par une brève de douze lignes, titrée "Pas de taxe carbone aux frontières en juin" que Le Monde signale l'enterrement, sans doute définitif, de la taxe carbone, le commissaire européen au commerce international s'étant affirmé défavorable à son établissement aux frontières de l'Europe. C'est par une autre brève, juste en dessous (mais longue de seize lignes !) sobrement intitulée "réactions après le report de la taxe poids lourds" que Le Monde signale le report à 2012 de cette taxe, dont le produit était censé contribuer à la construction d'infrastructures routières.

Sobre et émouvant cimetière champêtre des annonces et des promesses. Contemplant ces deux brèves, comme déjà enfouies sous une végétation luxuriante, le lecteur ne pouvait s'empêcher de repenser à la brillante et funeste destinée de ces deux mesures, toute en tumulte, en batailles, en débats, en promesses. En a-t-elle suscité, des controverses, la taxe carbone ! En a-t-elle occupé, du temps d'antenne, des colonnes de journal, en a-t-elle gaspillé, des hectolitres de salive. (pour les nostalgiques, sa Geste est racontée ici). Et la taxe poids lourds, l'une des "mesures-phare", disaient-ils, du Grenelle de l'environnement (pour les mélancoliques, sa naissance fut célébrée ici). Les voici toutes deux réunies, dans le repos éternel, dernière colonne à droite de la page 5.

Pourquoi Le Monde ne leur a-t-il pas réservé un plus bel enterrement, des funérailles à la Une, dans quelque crypte des anciennes reines de l'Info ? Risquons une hypothèse : la fatigue. Fatigue de signaler les promesses non tenues, les effets d'annonce avortés. Sans parler du manque de place : la double page vedette "Contre-enquêtes" du jour est consacrée à cette grave question : "Football européen : Lyon peut-il gagner ?", et à cette sous-question : "Pourquoi Lyon reste-t-il un nain économique sur les pelouses européennes ?" L'article principal y signale, avec une pointe de regret, la suppression de la niche fiscale dite DIC (droit à l'image collectif) qui permettait aux clubs français de "mieux retenir certains joueurs français". Heureusement, complète-t-il, "la libéralisation du marché des paris en ligne devrait compenser la suppression du DIC en ramenant de nouveaux sponsors vers le football français". On ne peut pas parler de tout.

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