Guillon ? Un "membre du personnel" pas drôle (Hees)
Brève

Guillon ? Un "membre du personnel" pas drôle (Hees)

Le dialogue se poursuit – violemment – entre Stéphane Guillon, l'humoriste de France Inter, et Jean-Luc Hees, le président de Radio France.

On s'en souvient, Hees s'était publiquement excusé après un sketch de Guillon, qui s'en prenait notamment aux "yeux de fouine" et au "menton fuyant" du ministre de l'Immigration Eric Besson.

Depuis, Guillon a consacré plusieurs de ses chroniques matinales sur inter à revenir sur cette affaire et sur le différend qui l'oppose à son patron. Au tour de Hees de s'expliquer, en longueur, dans une tribune publiée aujourd'hui par Le Monde. Et le ton n'est pas à la rigolade : "J'ai patiemment attendu que la poussière retombe dans le bac à sable, histoire de voir jusqu'où l'élégance et l'humour pouvaient cohabiter dans les années 2010. Je n'ai pas été déçu. Il me faut donc revenir sur un épisode de notre vie publique. C'est vrai : c'est un épisode qui ne relève pas de l'anecdote, et peut-être même pas de l'humour. A moins que l'humour soit devenu le cache-sexe du vide cérébral, ce que je me refuse à croire."

"Faut-il s'excuser d'être profondément choqué de ce qu'on entend sur une station dont on est responsable ?", interroge Hees, qui s'indigne d'avoir été traité de "liberticide". Il affirme que "les libertés d'opinion, d'expression, d'association, de manifestation sont les piliers de notre socle démocratique" et que "l'humour a tous les droits, et d'abord ceux de l'outrance, de la caricature et même de la méchanceté." Mais il signale que l'humoriste se doit de respecter "les grandes valeurs morales qui scellent le pacte républicain" : "Les seules limites sont précisément celles de l'autre, de l'autre individu, qui, lui aussi, a droit à la protection de sa liberté."

Or, pour le patron de Radio France, les attaques sur le physique renvoient aux "années sombres", aux "références tellement amusantes aux yeux de fouine, au nez et aux doigts crochus".


Manifestement, Hees ne tient pas Guillon en haute estime : "Qu'on relise les phrases de notre "humoriste" à propos du ministre Besson. Qu'on relise ces impayables vannes sur l'apparence physique de Martine Aubry...", exhorte-t-il. "L'escalade délibérée est puérile, et je n'emploie pas le mot tout à fait au hasard. France Inter, et cette séquence le prouve à l'envi, est chimiquement pure sur le chapitre des libertés. Sauf à considérer qu'en s'autoproclamant génial et intouchable, on s'assure un droit inaliénable de propriété d'un bien public, alors que tant d'autres doivent, chaque jour que Dieu fait, montrer la preuve de leur talent.

Et en conclusion, Hees prend soin de ravaler Guillon à son simple statut d'employé, faisant mine de s'interroger pour comprendre pourquoi il n'aurait "pas le droit de ne pas rire aux injonctions d'un membre du personnel".

Faut-il placer l'humour au-dessus de tout ? C'est justement la question que nous poserons demain, dans notre émission de la semaine, avec Didier Porte, autre "membre du personnel" de Hees, et Siné, patron d'un Siné Hebdo en voie d'extinction.

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