Médias, et le filon maçonnique
Brève

Médias, et le filon maçonnique

Les francs-maçons sont décidément un sujet idéal pour attirer les lecteurs, même lorsqu'on se nomme Médias. Rue89 épingle la Une de la livraison d'hiver de cette sérieuse revue trimestrielle parrainée par l'association Reporters sans frontières, qui pose en effet une grave question : "Où se cachent les journalistes francs-maçons ?"
Les francs-maçons sont décidément un sujet idéal pour attirer les lecteurs, même lorsqu'on se nomme Médias. Rue89 épingle la Une de la livraison d'hiver de cette sérieuse revue trimestrielle parrainée par l'association Reporters sans frontières, qui pose en effet une grave question : "Où se cachent les journalistes francs-maçons ?"

Sur la foi de cette couverture, et du paragraphe d'introduction de l'article, qui promet des "révélations" sur "un sujet tabou", le journaliste de Rue89 Augustin Scalbert croyait découvrir quels journalistes étaient "frères". Il est déçu par ce "scoop qui se dégonfle" et en conclut que Médias a elle aussi cédé à la mode du "marronnier", ce sujet récurrent, inévitable dans les médias.

La promesse était en effet aguicheuse pour tous ceux qui sont un brin parano. En bandeau jaune, la revue y cite pêle-mêle "TF1, L'Express, France Télévisions, Le Point, l'AFP, Le Canard Enchaîné, Le Figaro, Le Parisien..." Mais Scalbert ne cache pas sa déception : "On veut bien croire que la franc-maçonnerie (...) peut nuire à la qualité de l'information (...), Mais Médias ne le prouve pas, malgré ses promesses de couverture".

La couverture oublie effectivement de signaler que l'article vanté à la Une n'est pas une enquête, mais se résume à l'interview croisée de deux journalistes spécialisés : Sophie Coignard, du Point et François Koch, de L'Express. Tous deux signent régulièrement des articles sur les francs-maçons dans leur magazine, et ont chacun publié un livre sur le sujet cette année : Un état dans l'Etat et Le vrai pouvoir des Francs-maçons.

De fait, l'échange entre les deux journalistes est plutôt intéressant, pour qui est sensibilisé au sujet des réseaux francs-maçons et leur influence, supposée ou réelle. Mais il contient peu d'informations neuves... la plupart ayant déjà été révélées par le travail de Coignard et Koch. Les noms cités, comme l'ancien patron du Figaro et de l'AFP Jean Miot, l'ex-Président de TF1 Patrick Le Lay ou l'animateur Serge Moati, ont déjà été révélés. Idem pour Eric Marquis, journaliste à L'Express. En mars 2008, "l'outing" par Koch de Marquis, dans les colonnes de son propre magazine, avait d'ailleurs donné lieu à un article d'@si, suivi de houleux droits de réponse de François Koch et de Christophe Barbier, le directeur de la rédaction de L'Express.

De façon plus floue, Coignard affirme que des francs-maçons impliqués dans l'affaire des HLM de la Ville de Paris ont contacté des journalistes frères pour tenter d'influer sur le traitement de ces affaires. Et même si elle affirme que "ça existe, que ça a existé dans plusieurs rédactions", elle reconnaît ne pas avoir de preuves de censure exercée par les journalistes-maçons sur un sujet qui leur est proche. Koch indique, lui, qu'un franc-maçon lui avait fait savoir qu'il était "surveillé" par un de ses collègues, et qu'il avait été averti que Serge Dassault, membre du grand orient et un temps propriétaire de L'Express, pouvait le licencier sur simple demande des "dignitaires". Rien ne s'est jamais concrétisé.

Un peu maigre pour valider la thèse du "pouvoir médiatico-maçonnique". Pour le reste, guère d'exemples concrets : certains membres du Grand Orient de France aurait eu connaissance d'un de ses articles avant publication, "à cause d'une fuite interne". Autre "exemple édifiant", selon Rue89 : un responsable maçon proche d'Eric Marquis aurait poursuivi L'Express en utilisant des informations "manifestement" données par le journaliste.

D'autres affirmations semblent néanmoins intéssantes pour les non-initiés : un ancien "haut responsable" du Point était franc-maçon, et n'aurait pas particulièrement poussé les journalistes du magazine à enquêter sur ce sujet ; d'anciens responsables du Parisien, récemment licenciés, seraient francs-maçons, ce qu'ils ont démenti ; un tiers des techniciens de France 2 et France 3 seraient francs-maçons, selon un témoignage recueilli par koch ; pour être embauché à France Ô, chaîne de France Télévisions consacrée à l'outre-mer, il est "nettement plus dur de se faire embaucher" si l'on n'est pas "frère"... Pour autant, un entretien ne permet pas d'avancer des éléments convaincants pour étayer ces informations.

Au passage, Coignard donne très certainement la clé pour comprendre pourquoi les francs-maçons envahissent rituellement les couvertures des magazines tous les ans : "Moi, je n'ai aucune réticence à enquêter sur un sujet qui intéresse régulièrement les lecteurs... Et qui fait une des cinq meilleures ventes du Point chaque année."

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