Océanerosemarie, zéro critique, salle pleine
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Océanerosemarie, zéro critique, salle pleine

On apprend tous les jours : jusqu'à la semaine dernière, je ne connaissais pas Océanerosemarie

. Océanerosemarie est une jeune humoriste française, que recevait la semaine dernière Laura Raim, sur Hors-Série, et dont on dit habituellement, quand il faut la présenter d'un pitch, que son avant-dernier spectacle s'appelait La lesbienne invisible. Mais ce pitch ne la résume pas. Quand elle nous fait rire aux larmes avec l'usure du couple lesbien, aux prises avec les problèmes de chaussettes sales et la répartition des tâches ménagères (achats de tampons) c'est du couple tout court, dont elle parle. Son spectacle nous dit que le couple lesbien est un couple comme un autre, puisqu'on a le droit d'en rire comme des couples hétéros.

Bref, elle nous apporte des bonnes nouvelles. Si vous avez vu son interview sur Hors Série, vous aurez vu qu'elle plonge tête la première dans les questions politiques et sociétales françaises, de la querelle du voile à la guerre au Mali (oui oui, aussi la guerre au Mali, elle lit aussi les pages Etranger des journaux). Bref, découvrant Océanerosemarie, je me précipite sur mon moteur de recherche préféré, pour savoir ce que disaient les critiques de son dernier spectacle, Chatons violents, à l'affiche à Paris depuis le 4 octobre. Et là, surprise : les critiques n'en disent rien. Des vidéos en ligne, quelques phrases dans les agendas culturels, mais aucune critique de fond. Un instant, une hypothèse me vient à l'esprit : peut-être que le spectacle de Océanerosemarie n'est tout simplement pas bon, peut-être qu'elle ne sait pas tenir une scène, et que charitablement, les critiques ont décidé de passer le désastre sous silence (car le critique, chacun le sait, est un animal charitable).

On l'aura deviné, j'étais hier soir au théâtre de la Gaîté-Montparnasse, dans la file d'attente de Chatons violents. Dans le hall d'accueil, confirmation du rien : critiques des autres artistes partageant l'affiche en alternance avec elle, oui, mais aucun article sur Océanerosemarie.

Ce silence est inexplicable. N'étant pas critique de spectacle, je ne jugerai pas sa prestation, mais que celui qui prétendrait devant moi que Océanerosemarie n'est pas de la trempe des Valérie Lemercier ou des Muriel Robin lève la main immédiatement. J'aimerais bien entendre ses arguments. Quant à la scène de la Gaité Montparnasse : ah quels outrages elle lui fait subir ! De bout en bout, qu'elle parle des Parisiens à Marseille ou des minauderies des soixante-huitards avec leurs bonnes marocaines, c'est un feu d'artifice, une chorégraphie, une cavalcade.

Ce silence serait donc inexplicable, sauf à envisager une hypothèse : Océanerosemarie semble prendre plaisir à tirer contre son camp. Non seulement elle pulvérise les hypocrisies des bobos de Montreuil (commune de la banlieue parisienne où doit résider environ la moitié des journalistes qui seraient susceptibles de parler d'elle) sur l'hypocrisie de leur recherche de la mixité sociale, mais elle est clairement favorable au voile (ou, disons, elle pilonne les adversaires du voile), et prend le parti des militants Noirs qui s'opposaient au spectacle Exhibit B. Pire encore : non seulement elle ne collabore régulièrement à aucune grande radio ni aucune grande télé (elle a essayé, mais elle a du mal avec le format imposé), mais elle tacle (discrètement) Patrick Cohen, Pascale Clark, et Télérama, c'est à dire tous ceux qui pourraient (aussi) faire écho à son spectacle. Bref, disons que les critiques arriveront en décembre ou janvier, à la veille de la clôture du spectacle. Ce qui d'ailleurs ne semble pas lui porter préjudice : hier soir, la salle était quasi pleine. Ce qui n'empêche pas les Parisiens qui le peuvent (et même, soyons fous, les banlieusards) de tenter tout de même leur chance.

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